Répertoires et classements juridiques : toujours pertinents ou simple vanité ?
- Daniel Lépine
- 12 juin
- 3 min de lecture

Chaque année, les cabinets d’avocats reçoivent un flot familier de courriels : « Les soumissions sont maintenant ouvertes pour Top Lawyers 2025 ! » De Chambers à Best Lawyers en passant par une foule de répertoires plus récents (et parfois douteux), l’industrie des classements juridiques a explosé ces dernières années. Mais avec plus d’acteurs que jamais, et avec un scepticisme croissant quant à la signification réelle de ces distinctions, il est juste de se demander : les répertoires juridiques en valent-ils toujours la peine ?
La réponse courte : Oui, mais seulement si vous choisissez judicieusement et que vous les abordez de manière stratégique.
Pourquoi les répertoires de distinctions juridiques sont-ils toujours importants (lorsqu’ils sont crédibles) ?
Dans le meilleur des cas, les classements fournissent :
Crédibilité externe : Un répertoire reconnu offre une validation indépendante et renforce la preuve sociale, particulièrement utile dans les secteurs concurrentiels ou à fort enjeu.
Ouverture vers de nouveaux marchés : Des publications comme Chambers Global sont souvent consultées par des clients internationaux ou des directeurs des affaires juridiques à la recherche de conseils locaux.
Attractivité et rétention des talents : Les juristes d’exception cherchent la reconnaissance. Être bien classé peut stimuler la motivation, renforcer la fierté d’appartenance et asseoir la crédibilité interne.
Dans certains secteurs (p. ex., les fusions et acquisitions, les litiges, la fiscalité transfrontalière), les classements peuvent aider les entreprises à figurer sur les listes d’appels d’offres, en particulier lorsqu’elles traitent avec des clients axés sur l’approvisionnement.
Le risque : tous les classements ne sont pas égaux
Pour chaque classement sérieux comme Chambers, il existe une douzaine de répertoires « payants » offrant des récompenses tape-à-l’œil et des critères flous. Le danger ne réside pas seulement dans la perte de temps, mais aussi dans l’érosion de la crédibilité. Les clients sont de plus en plus avisés et savent faire la différence entre une reconnaissance juridique durement acquise et un badge acheté.
Signes à surveiller de près :
Méthodologie peu transparente
Absence de validation par des pairs ou de retours clients
Présence obligatoire dans un « forfait marketing » pour figurer dans l’annuaire
Aucune autorité éditoriale claire ni d’équipe juridique reconnue derrière la publication
Lorsqu’un répertoire donne l’impression d’être une simple transaction marketing plutôt qu’un processus fondé sur le mérite, c’est souvent exactement ce qu’il est.
Comment choisir le bon répertoire juridique
Tenez-vous-en aux publications établies et axées sur la recherche, telles que :
Chambers and Partners
The Legal 500
Benchmark Litigation
Best Lawyers
IFLR1000 (pour la finance)
Who’s Who Legal
WTR 1000
Ces publications mènent des recherches indépendantes, interrogent les clients et comparent les professionnels selon leur domaine et leur secteur d’activité. Elles ont aussi tendance à valoriser non seulement les compétences techniques, mais également la qualité du service client, le sens des affaires et la pensée stratégique.
Posez-vous ces questions avant de vous engager dans un annuaire :
Ce répertoire est-il reconnu par nos clients ou nos pairs ?
Existe-t-il un processus d’évaluation clair et fondé sur le mérite ?
Avons-nous l’expérience et les réalisations nécessaires pour être des candidats crédibles dans cette catégorie ?
Investissons-nous le même temps et la même énergie dans notre présence en ligne, le développement commercial et les commentaires des clients ?
Comment réussir avec les soumissions de répertoires juridiques
a) Soyez sélectif.
Inutile d’être partout : concentrez vos efforts sur quelques catégories ou régions où vous possédez une véritable expertise et un solide appui de la clientèle.
b) Raconter une histoire.
Les chercheurs ne cherchent pas un CV, ils veulent de l’impact. Comment votre travail a-t-il fait bouger les choses pour un client ? Quelles complexités juridiques avez-vous traversées ?
c) Investissez dans la qualité plutôt que dans la quantité.
Une soumission concise, centrée sur le client, appuyée par des résultats mesurables et des résumés de cas percutants aura toujours plus d’impact qu’une longue liste de réponses génériques.
d) Impliquer les leaders du marketing.
Les avocats ne devraient pas porter ce fardeau seuls : l’équipe marketing et développement des affaires de votre entreprise peut structurer, affiner et renforcer stratégiquement le processus.
e) Entraînez vos arbitres.
De nombreux répertoires demandent des références de clients. Assurez-vous que ces clients savent pourquoi ils sont contactés et ce que vous aimeriez qu’ils mettent en évidence. Leurs commentaires déterminent souvent votre classement.
En conclusion : le prestige ne s’achète pas, il se mérite
Les répertoires juridiques ne sont pas près de disparaître — mais leur impact dépend entièrement de la manière dont vous les abordez. Utilisés stratégiquement, ils peuvent renforcer votre réputation, accroître la confiance de vos clients et soutenir vos efforts de développement. Mal exploités, ils risquent plutôt de consommer temps et ressources… au détriment de votre crédibilité.
Choisissez judicieusement. Concentrez-vous sur le contenu. Et n’oubliez pas : les meilleurs classements sont ceux qui reflètent l’impact que vous avez déjà, et non l’image que vous souhaitez acheter.
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